Les ambassadeurs de la biodiversité

Le Mouvement “Graines de Vie” initié en novembre 2014 par l’association Intelligence Verte a formé gratuitement en 7 ans (2015- 2021) 550 personnes à l’art de récolter, reproduire et conserver les semences traditionnelles de plantes comestibles afin de devenir autonomes pour son alimentation.

En 2022, nous espérons former de nouveau entre 50 et 80 personnes à ce savoir-faire.

L’enjeu est double

Le premier est de sauver ces variétés anciennes aux qualités incomparables :

• Saveur,
• Diversité de formes, de couleurs, de texture et beauté de cette diversité,
• Valeur nutritionnelle beaucoup plus importante que celle des variétés modernes industrielles vendues en supermarché,
• Rusticité : elles poussent avec facilité dans des sols sains, comme du temps de nos arrières-grands-parents, sans avoir besoin des pesticides toxiques de l’agro-chimie.

L’interdiction de vendre des semences de variétés anciennes non inscrites au Catalogue officiel, ainsi que l’envahissement du marché par les semences hybrides F1 non reproductibles ont provoqué en moins d’un siècle la disparition de la plupart de ces variétés traditionnelles qui ont accompagné l’humanité pendant des millénaires, d’où l’importance et l’urgence de semer celles qui existent encore.

Le deuxième enjeu est de permettre aux populations d’être aptes à se nourrir dans l’avenir sans être dépendantes des multinationales.

75% des variétés comestibles ont disparu en moins d’un siècle.

(Chiffres de l’ONU – FAO)

Un tsunami de Jardiniers…

Afin de répondre à cette double problématique, il nous a semblé raisonnable et efficace de former des jardiniers à l’art de reproduire eux-mêmes leurs semences de variétés anciennes,
et de leur demander de former à leur tour chacun une cinquantaine de personnes à ce savoir-faire.

Nous appelons ces personnes Ambassadeurs de la biodiversité.

À ce jour, nous avons déjà formé 550 ambassadeurs au Conservatoire de variétés anciennes de Sainte-Marthe en Sologne, lors de 25 stages d’un week-end, animés par Véronique Bonaventure.

Candidature à la formation 2023
Reproduction et conservation de semences traditionnelles au Conservatoire Mille Variétés Anciennes à Sainte-Marthe – 41200 Millançay – Sologne

En 2020 nous aurons un certain nombre de bourses à attribuer à des candidats à cette formation.

Si vous souhaitez déposer votre candidature :

Cliquez sur “Devenez ambassadeur”

Nous vous enverrons  en retour un questionnaire à remplir et vous communiquerons les dates des prochains stages qui auront lieu entre mai et octobre 2021.

Programme et objectif du stage

Objectif

Être capable de produire ses propres semences par des méthodes naturelles, pour que les semences multipliées et sélectionnées localement soient actrices du renouvellement de la biodiversité, évolutives et plus résistantes aux aléas climatiques ainsi qu’aux maladies.

Au programme de cette formation

✔ Semences, loi et réglementation.
✔ Du semis à la graine : Étude et compréhension des modes de reproduction des plantes.
✔ Les différentes Familles, classification : espèce et interfécondité; la pollinisation.
✔ Critère de sélection : le porte-graine, les distances de plantation, l’homogénéité génétique
✔ La récolte des semences : le degré de maturité, le séchage, les différentes techniques
d’extraction des semences, la conservation.
✔ maladies et parasites.
✔ le matériel, le journal de bord, le stockage.

La carte des ambassadeurs Graines de Vie

Chacun des ambassadeurs s’inscrit sur cette carte à son rythme… Venez revoir cette page au fil du temps…
 Pour visualiser les parcours de tous les ambassadeurs,
pensez à cliquer sur View All en haut à droite de l’encart Présentations, sous la carte.
 
Les Événements qu’ils organisent ( Réunions, Formations, Ateliers) apparaîtront sur une deuxième carte :
onglet accessible en bas de la carte principale : Places / Events. (en cours de réalisation)

La Liberté de Semer en Question…

En France, dès 1905, l’État a cherché via la Répression des fraudes à réglementer un secteur économique en pleine ébullition. En 1923, le métier de sélectionneur est reconnu, la notion de variété, jusque là seulement littéraire, est protégée par la loi comme « identité commerciale ». Le Registre des plantes sélectionnées est créé et la semence doit désormais être « un produit stable et clairement identifiable ». En 1932, ce registre se transforme en Catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées. À partir de 1949, seules les semences appartenant à une variété inscrite au Catalogue Officiel peuvent être commercialisées. Les critères d’enregistrement axés sur la performance (« Valeur Agronomique et Technologique » ou VAT) et la prédictibilité (exigence de variétés « Distinctes, Homogènes et Stables (DHS) ») excluent de facto la mise sur le marché des semences paysannes. (…)

En 1991, la convention supprime le droit des agriculteurs de réutiliser une partie de leur récolte pour réensemencer l’année suivante (semences de ferme) : des dérogations sont possibles à la seule condition de payer des royalties à l’obtenteur. L’Europe choisit en 1994 de n’accorder ces dérogations que pour une trentaine d’espèces de cultures agricoles. De plus, la plupart des variétés commerciales (Hybrides F1)perdent leurs caractères plus ou moins rapidement selon les espèces et les techniques de sélection lorsqu’elles sont reproduites dans les conditions de culture agricole. Les paysans se voient ainsi obligés de racheter régulièrement des semences commerciales. (Extrait du Dossier sur les semences paysannes – Nature&Progrès)

et pourtant…en 1983…

La résolution 8/83 de l’ONU, signée par 113 pays
disait que :

« les ressources phytogénétiques sont
un patrimoine commun de l’humanité et doivent
être préservées et librement accessibles pour être
utilisées dans l’intérêt des générations présentes
et futures »

2 articles pour mieux comprendre

Extrait d’un article de Benoit Bianciotto – paru dans la Revue Nature & Progrès en 2015

Les semences paysannes ont de l’avenir

Le thème des semences devient de plus en plus médiatique et a fait l’objet de nombreux sujets dans la presse, avec parfois quelques simplifications ; les débats de spécialistes provoquent beaucoup de confusion parmi le grand public. Le risque est grand de perdre de vue le véritable enjeu lié aux semences : celui de l’aptitude des populations à se nourrir dans l’avenir sans dépendre des multinationales. Car celles- ci mènent un combat larvé de privatisation du patrimoine génétique vivant qui menace directement notre souveraineté alimentaire.

De l’importance de relocaliser la production de semences

De nombreux scientifiques, cultivateurs et autres militants signalent que la sécurité alimentaire est menacée à l’échelle mondiale si le modèle actuel d’agriculture industrielle perdure. Avec la nécessité d’acheter des semences, l’autonomie des paysans a disparu, et avec elle la capacité de répondre rapidement et spécifiquement aux besoins des populations locales. Même si la vie sur terre et la biodiversité ne sont pas directement menacées à l’échelle géologique, la capacité de produire de la nourriture de manière urgente,
locale et autonome en cas de crise majeure (rupture économique, déséquilibre écologique, immobilisation des transports, etc.) est rendue plus fragile par la décision politique de déléguer la sélection des semences, leur production et leur distribution à quelques groupes financiers tributaires des aléas boursiers. (…)

Les variétés anciennes ont été la grande révélation des années 2000, et avec elles le concept de biodiversité cultivée. Les semences paysannes, qui faisaient jusque-là office de vilains petits canards tout en étant perçues comme des « gisements résiduels d’authenticité » à exploiter, reviennent aujourd’hui sur le devant de la scène et sont l’objet de convoitises grandissantes pour leur résistance, leur adaptabilité et leur grande qualité nutritionnelle. Elles permettent de relocaliser la production des semences, de réduire les impacts agricoles sur l’environnement et de mieux contribuer à la santé humaine.

Reprendre le pouvoir sur ses semis

Il est assez ambigu de militer pour une agriculture locale, bio et à petite échelle, et de continuer à s’approvisionner en produits issus de semences parfois produites en grandes monocultures, à contre-saison de l’autre coté du monde, et vendues à perte par leurs producteurs à de grande firmes qui les commercialisent sur un marché internationalisé, où une plante peut avoir effectué plusieurs tours du monde avant même d’avoir été semée.

Article de Philippe Desbrosses – Président de l’association Intelligence Verte

Sauvons la biodiversité !

Chaque plante, chaque espèce vivante est un maillon de la chaîne qui nous relie et nous protège de la disparition… Nous assistons actuellement à une extinction massive des espèces végétales qui ébranle les fondements de la vie sur terre.

La disparition accélérée de la biodiversité, tout comme la disparition des abeilles menace gravement la pérennité des écosystèmes et à terme, l’existence même de l’humanité. Nous savons que de nombreuses espèces et des milliers de variétés comestibles agrémentaient autrefois les espaces de cueillette, les parcelles cultivées, les jardins et les tables familiales. L’immense prodigalité de la nature nous avait gratifiés d’espèces généreuses aux appellations quasimythiques :
panais, héliantis, scorsonnères, chervis, margose, livèche, crosnes, carottes, tétragone, arroches, topinambour, rutabaga, pois-asperge, roquette, raifort, physalis, salsifis, cerfeuil tubéreux, laitues diverses, melonnette, agastache, aneth, radis noir, coriandre, pourpier, persil, ciboulette, poireau perpétuel, ail rocambole, pastèque à confire, rhubarbe, piments divers, poivrons doux, tomates aux 2000 variétés, châtaignes, noix, noisettes, pommes aux milliers de variétés, estragon, origan, chicorée, concombres, haricots cocos et autres flageolets, basilics, bette sanguine, ansérine Bon Henri, courge sucrine, onagre ou jambon végétal, cardon, poirée, cyclanthère, cresson des jardins et alénois, claytone, ail des ours, courges et potirons aux 1000 variétés, fèves, pommes de terre aux 3000 variétés, crambe, fraises, pimprenelle, raiponce, pissenlit, patience, oseille, oca, lentillon, pois, lupins… comme on le voit on est loin d’épuiser les listes interminables qui figuraient encore sur les catalogues du XIXème siècle.

Où sont passées ces richesses d’un fabuleux patrimoine légué par nos ancêtres, véritable mémoire vivante des éco-agrosystèmes qui stimule encore l’imaginaire de l’éternel paysan jardinier qui sommeille en nous ? En un demi-siècle seulement, la « modernité – efficacité -rentabilité » a chassé toute cette poésie rustique et ce savoir-vivre de nos terroirs pour lui substituer la pensée unique et la monoculture industrielle.

Bien sûr certaines espèces n’étaient pas connues de toutes les populations du globe et le terme « légumes oubliés » est parfois inapproprié. Il illustre cependant, à l’échelle de la planète, une réalité très préoccupante : la disparition accélérée d’un patrimoine génétique inestimable constitué et entretenu par des milliers de générations avant nous sur tous les continents, où la F.A.O. constate que 75 % des variétés comestibles ont disparu en à peine un siècle.

A ce constat nous devons réagir et agir, car c’est notre chaîne alimentaire et notre sécurité environnementale qui est menacée à court-terme.

Il faut que nos balcons, nos vergers, le moindre parterre, terrasse, ou terrain vague… deviennent les asiles improvisés de ce Bien commun qui, avec l’eau et la terre constitue notre principale ressource vitale.

En effet, demain la crise peut s’aggraver, nous pouvons nous passer d’informatique, d’aéronautique, d’automobiles et d’électro-ménager, et même de « troquets » et de « mobylettes » comme dirait Coluche… mais on ne peut pas se passer de manger et de respirer.

A l’image de tout ce qui s’organise dans le monde et en France par le foisonnement d’initiatives comme les « Incroyables Comestibles », « Les Colibris » ,« Femmes semencières », « Terres de liens », « Graines de troc », « Slow food », « La ruche qui dit oui », « Brin de paille », « Disco-soup », « Slow money », « Kiss Kiss Bank Bank », « Sikana », « Kokopelli », le réseau « Semences Paysannes », « Terre et Humanisme », et une multitude d’innovations citoyennes que nous n’avons pas la place de citer toutes ici, mais qui déferlent chaque jour sur la toile et démontrent que la société civile s’est emparée de son destin, pour reconstruire un monde d’espérance, de solidarité et de sauvegarde quand s’effondrent les structures obsolètes du vieux monde en perdition.

Nous lançons en commun cet appel pour un grand élan culturel et social en faveur d’une reconquête de l’autosuffisance alimentaire, de la relocalisation des productions, de la sauvegarde des ressources phyto-génétiques et de l’environnement.

Nous espérons être rejoints et rejoindre ceux qui œuvrent déjà dans cette campagne de sensibilisation et d’action pour la biodiversité en nous fédérant autour de la devise « Liberté – égalité – fraternité – biodiversité » (suggérée par Olivier Maurel).

La « biodiversité » étant probablement la prochaine valeur humaniste à conquérir, car elle fait appel à la nécessité d’accepter comme une richesse, toutes nos différences pour que ce monde se guérisse du réductionnisme, du racisme et de l’uniformisation qui appauvrissent et dégradent nos écosystèmes.

• Rompre avec la « Pensée Unique » qui produit des esclaves et des monstres.

Nous pensons qu’ une symbiose entre les projets et les acteurs partageant les mêmes valeurs, aurait une grande efficacité pour créer des liens et renforcer la caisse de résonance auprès d’un public déjà fortement mobilisé par ces enjeux.

Nous envisageons de lancer un plaidoyer global pour la défense et la valorisation de la biodiversité, réunissant des acteurs historiques et de nouveaux entrepreneurs du « secteur » y compris d’une manière plus large, avec tous ceux qui contribuent à la réhabilitation de la qualité de la nourriture, à l’art de la cuisine, à l’éducation du goût, aux partages des recettes et des savoir-faire traditionnels, à la convivialité, à la découverte d’un nouvel art de vivre fondé sur la réciprocité, la qualité et la solidarité.

Le but de cet appel initié par les fondateurs historiques de Incredibles Edibles en Angleterre, et repris par la France aujourd’hui, sous l’impulsion de François Rouillay, est de proposer un nouveau paradigme pour 2018 : l’autonomie et l’autosuffisance alimentaire pour toutes les familles modestes dont 80 % des besoins pourront être satisfaits localement.

Promotion des circuits courts et des agricultures urbaines et vivrières avec comme objectif complémentaire la réponse aux drames du chômage et de la pauvreté.
Il s’agit en fait d’un plan ORSEC pour faire face aux nouveaux défis de la « malbouffe » et de la désintégration du tissu social auxquels vont être confrontés de manière aigüe, les élus de toutes tendances et de toutes régions, avec l’obligation de refonder les politiques publiques d’aménagement des territoires sous peine d’une explosion sociale irrépressible.
Déjà de nombreuses municipalités et collectivités territoriales mettent en oeuvre, ou soutiennent, des initiatives d’agricultures urbaines, de jardins collectifs, de circuits courts, de développement éthique et solidaire pour redonner l’auto-suffisance, l’espoir et la dignité aux familles en difficulté. Dans nos modèles de microagricultures bio-inspirées et très productives on peut faire la démonstration que de petites surfaces de 100 m2 bien conduites, avec des investissements très faibles, suffisent à nourrir une famille pendant une grande partie de l’année et, avec 1000 m2 en permaculture il est possible, en plus, de dégager un « revenu d’existence ».

(Réf. Etude Agro- Paris- Tech 2012 & 2013 sur la ferme bio du Bec-Hellouin en Normandie).

Dans ce programme, nous proposons avec les associations « Intelligence Verte », et « Mille Variétés Anciennes » de mettre en commun nos expériences et nos collections de graines « natives » (reproductibles) au service des acteurs et des promoteurs de la biodiversité.

Nous pouvons amplifier cette opération avec l’aide de mécénat et de fondations qui apporteront les moyens nécessaires à la production et à la multiplication des collections de variétés natives pour les mettre à disposition des groupements et des associations de jardiniers dans des conditions avantageuses.

Elles pourront ainsi se multiplier et reprendre leur rôle irremplaçable de sécurité et de souveraineté alimentaire parmi les populations. Cette démarche fait suite à notre action « Pochettes de survie – graines de première nécessité », imaginé comme un Kit Croix-Rouge, que nous avons déjà expérimenté en Roumanie et en Bulgarie en 1991 après l’effondrement de l’Union Soviétique. Nous avons participé alors à l’opération : « Une famille un jardin », « Semer l’espoir » auprès de 200.000 familles qui n’avaient plus l’élément principal, nécessaire à la reconquête de leur auto-suffisance alimentaire : LES SEMENCES…
Cette opération fut un succès. Elle a apporté le réconfort et la subsistance à des populations très affectées et menacées de disette.

• Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le constat d’abandon des productions vivrières dans de nombreuses régions du monde, corrélé à des catastrophes naturelles et à d’autres facteurs conjoncturels doit faire prendre conscience de la vulnérabilité des populations, même en cas de crise mineure. Notre sécurité alimentaire, nos ressources phyto-génétiques, l’épuration de l’air et de l’eau, la régulation du climat, la protection des sols, les paysages, l’énergie renouvelable, le bois d’œuvre, les textiles naturels, toutes ces fonctions dépendent des espèces végétales.

Or, nous perdons chaque jour des dizaines d’espèces. C’est la plus grande extinction massive depuis la disparition des dinosaures.

Par la transmission du savoir-faire qui permet à tout-un-chacun de reproduire et conserver ses semences d’une année sur l’autre, ainsi que le partage et l’échange de semences à travers nos régions de France et le monde entier, nous avons pour ambition affichée de restaurer le patrimoine génétique, véritable mémoire vivante de l’humanité, mais aussi de permettre aux populations en difficulté de retrouver les bases d’une reconquête nutritionnelle et d’une autonomie durable en leur procurant les semences adaptées à leur autosuffisance et à leur situation.

Maintenir et diffuser ce patrimoine génétique de par le monde doit être une aventure grandiose menée comme un programme humanitaire.

Nous nous proposons d’aborder et d’intégrer toutes les problématiques liées aux ressources hydriques, à la protection des sols et à l’utilisation des énergies renouvelables et fournir des espèces adaptées aux contextes agronomiques, pédoclimatiques et socio-culturels des régions concernées.

Le MOUVEMENT GRAINES DE VIE est le fruit d’une expérience de 40 années de travail,
organisé à la ferme expérimentale de Sainte Marthe en Sologne, qui abrite
une Ferme-école et un Conservatoire de semences de variétés anciennes,
et de la collaboration avec des partenaires très actifs.

Les formations des ambassadeurs sont gratuites grâce au soutien financier des fondations, associations et entreprises suivantes :

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