Le Conservatoire de variétés anciennes de Sainte-Marthe a été créé en 1974 par Philippe DESBROSSES, sur un domaine agricole familial converti à l’agriculture biologique en 1969. Le Conservatoire est situé à Millançay, au coeur de la Sologne dans un environnement protégé, entouré d’un massif forestier de 3000 hectares, la forêt de Bruadan et bordé par deux étangs bucoliques, refuge de maints oiseaux.
Il recèle plus de 1000 variétés de graines anciennes, certifiées AB en collection, dont 250 variétés de tomates, 107 variétés de cucurbitacées, 30 variétés de salades, 50 variétés de haricots, 15 variétés de maïs, 20 sortes de piments, 12 basilics et quelques spécimens surprenants comme les pommes de terre noires, les épinards-fraises, les poireaux perpétuels, les tournesols géants de 4,5 m de haut et les potirons géants pesant 300 kg. Ses collections sont régulièrement sollicitées pour des expositions dans des lieux tels que : la Cité des Sciences de La Villette, le Musée de l’Homme du palais de Chaillot, le Muséum d’Histoire Naturelle (Jardin des plantes) de Paris.
Le Conservatoire participe à des programmes humanitaires pour la reconquête de l’autonomie alimentaire de populations en difficultés en Amérique du sud, à Madagascar, en Afrique ainsi qu’avec des institutions comme Médecins Sans Frontières en Asie du sud-est, ou avec des ONG en Europe de l’est avec des programmes comme « une famille un jardin », « pochettes de survie – graines de première nécessité ». Il souhaite également accompagner les initiatives citoyennes de jardins partagés, familiaux, ruraux et urbains, en constant développement en France, afin de leur permettre d’accéder à des graines ” natives ” (graines totalement naturelles) adaptées à chaque sol, climat et latitude, qui donneront des légumes de haute qualité gustative et nutritionnelle, afin de favoriser une nourriture saine pour tous.
Les semences sont la mémoire de la nature
Qu’est-ce qu’une graine ? C’est un petit logiciel vivant qui contient en mémoire toutes les informations accumulées depuis des temps immémoriaux. C’est aussi la nourriture en devenir pour des millénaires et les générations qui nous succéderont. Les espèces végétales sont le fondement de la vie sur Terre, sans elles, nous ne pourrions survivre… Elles constituent le patrimoine commun de l’humanité et l’un de ses biens les plus précieux, indispensables à la survie des espèces.
Le saviez-vous ? Les anciens consommaient plus de 3000 espèces végétales comestibles. Plus de 500 légumes figuraient encore au menu quotidien des populations de nos régions, il y a 150 ans. Aujourd’hui seules quelques dizaines de variétés ont survécu à la standardisation engendrée par l’industrie agroalimentaire et nous constatons un appauvrissement généralisé de notre alimentation et de notre environnement.
75% des variétés comestibles cultivées au début du XXème siècle ont disparu ! Chaque jour, selon l’Union Européenne, la F.A.O. ou le WWF, 100 espèces disparaissent de la planète, à cause de l’érosion, de la désertification et des méthodes de cultures industrielles. Les scientifiques estiment que cette situation est redoutable pour l’avenir de l’humanité car à ce rythme nous avons déjà perdu les 3/4 des espèces depuis le début du XXème siècle. En 1900, il y avait encore mille variétés de pommes en France avant que le verger ne soit colonisé à 80% par les hybrides industriels dont la Golden. Cette perte de diversité constitue aussi un appauvrissement général de notre alimentation dont les conséquences sur la santé sont indéniables. Pourtant des analyses comparatives montrent que celle-ci contient 100 fois moins de vitamine C qu’une variété ancienne comme la Calville ou la Transparente de Concels. Cette perte de diversité constitue aussi un appauvrissement général de notre alimentation dont les conséquences sur la santé sont indéniables.
Le travail du conservatoire de Sainte-Marthe
Les graines vivent dans la terre et meurent dans les conservatoires… Car les graines ont une durée de vie limitée : 1 an pour le cerfeuil, 4 à 8 ans pour les tomates, 3 à 8 ans pour les haricots, 5 à 10 ans pour les graminées etc. Aussi est-il capital de pouvoir ressemer chaque variété en temps et en heure, pour ne pas risquer de voir disparaître une espèce. C’est là la première tâche du conservatoire : la multiplication des graines en collection. Sainte-Marthe est donc un conservatoire vivant !
La seconde est la redécouverte d’espèces en voie de disparition. Sans le savoir, de nombreux jardiniers amateurs sont souvent dépositaires d’une espèce ancienne ou en voie de disparition. Il peut s’agir d’un fruit, d’un légume ou d’une herbe aromatique qu’ils récoltent et replantent machinalement d’année en année. Souvent les espèces en péril sont cultivées par des personnes âgées et ces espèces disparaîtront lorsque le jardinier ne pourra plus les cultiver. Si vous êtes confrontés à une situation similaire, contactez l’association Mille Variétés Anciennes (www.millevarietesanciennes.org), les générations futures vous en seront reconnaissantes.
Chaque année le Conservatoire de Sainte-Marthe reçoit des graines qui lui sont envoyées par des jardiniers amateurs, des universités ou des centres de recherche. Il est rare que l’on puisse reconnaître une espèce uniquement à partir d’une graine, aussi faut-il essayer de recueillir le maximum d’informations : S’agit-il d’une plante indigène ? d’une importation ? depuis combien de temps est-elle cultivée dans votre famille ou votre entourage ? Après un premier examen, les graines ou les plants reçus sont mis en culture et un cahier d’observation est ouvert. Des photos sont prises régulièrement et les observations consignées. Les espèces sont reconnues sur les signes distinctifs décrits dans les encyclopédies botaniques. Le travail du botaniste se couple alors à celui d’un historien, car fréquemment les espèces anciennes ne sont décrites que partiellement et il faut parfois faire appel à toute l’expérience des universités et des centres de recherche pour identifier une espèce redécouverte. C’est toujours une grande joie pour les équipes de redécouvrir une variété perdue. De par la facilité de communication qu’il apporte, l’internet ouvre des possibilités d’échange inespérées.
Lorsqu’une nouvelle espèce est digne d’intérêt, on passe à la récolte puis à la conservation.
La conservation des semences est la 3ème mission d’un Conservatoire. Celle-ci est précédée par un travail minutieux de culture, récolte à maturité optimale, séchage, tri et stockage dans les meilleures conditions de conservation.
BOUILLARD
12 Nov 2018quelles belles missions, transmettre le savoir, protéger les espèces végétales absolument vitales pour l’humanité, perpétuer la qualité de notre terre nourricière.